Métropole Aix Marseille, terre de reprises : immersion inédite pour 30 femmes en quête d’audace entrepreneuriale
- Incubateur LES PREMIERES SUD
- 12 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juin
Le Lab des repreneuses : un après-midi de transmission, d’énergie collective et de déclics concrets pour des femmes qui s’autorisent à envisager la reprise d’entreprise comme un avenir possible. Retour sur une expérience immersive qui pourrait bien tout changer.

Une salle, une ville, une ambition
Mardi 20 mai 13h30, dans les hauteurs des bâtiments rénovés des Docks, les bureaux du Crédit Agricole Provence Alpes se remplissent peu à peu. Des rires timides, quelques poignées de main, une curiosité palpable. Trente femmes se retrouvent ici, invitées à vivre une expérience peu commune : découvrir les coulisses de la reprise d’entreprise à travers un événement immersif le Lab des repreneuses, fondé non pas sur des slides ou des grands discours, mais sur l’action, l’analyse et la projection.
« Je suis venue sans trop savoir à quoi m’attendre », confie l’une d’elles consultante indépendante. « Je m’interroge sur la suite, et j’ai toujours eu ce fantasme de reprendre une boîte. Mais je croyais que ce n’était pas pour moi. Trop compliqué, trop risqué… »
« Moi j'ai reçu une invitation de France Travail qui est partenaire de l'événement ; j'avais jamais entendu parlé de la reprise, du coup cela a éveillé ma curiosité » complète une autre.
Elles sont là pour apprendre, mais surtout pour s’autoriser à imaginer que cette aventure leur est aussi accessible.
Un dispositif immersif pour désacraliser la reprise
L’événement a été imaginé comme un parcours expérientiel en trois temps, alliant projection, étude de cas et échanges sincères. L’ambition ? Faire tomber les idées reçues, donner des outils concrets, et éveiller l’envie à travers une pédagogie vivante.
« On a voulu faire vivre ce que ça fait que d’entrer dans une entreprise, de la questionner, de sentir si on a envie d’y aller ou pas », explique Caroline Dumond, à l’initiative du dispositif et des programmes de reprise à l'incubateur Les Premières Sud, « L’étude de cas devient une porte d’entrée, mais surtout un miroir. »
Les entreprises fictives s’appellent Techninox, Bruit de Fond ou bien Urban Emotion Map ... elles sont toutes à reprendre comme vous pourriez les retrouver dans une annonce d’un site spécialisé. La mise en situation est riche, volontairement ambiguë, proche de la réalité.
Plonger dans la peau d’une repreneuse
Réparties en petits groupes, les participantes découvrent leur dossier de reprise comme le ferait une vraie candidate. Des éléments comptables, des notes de terrain, des extraits d’entretien avec les salariés. Le tout rythmé par un temps limité pour décider si, oui ou non, elles engagent un processus de reprise.
« On s’est prises au jeu tout de suite », raconte l’une d’entre elles. « On a débattu, on a challengé les marges, la culture d’entreprise, la vision du dirigeant. J’ai adoré sentir ce frisson de la décision. »
Des questions fusent : Y a-t-il des tensions sociales latentes ? Le carnet de commandes est-il trop dépendant d’un client ? La valeur de rachat est-elle réaliste ?
Chaque table prend position, argumente, partage ses doutes, et surtout, se projette.
Des freins identifiés, des leviers révélés
De ces études de cas et des réflexions, un temps de prise de recul permet de verbaliser ce qui freine ou stimule.
« Je me rends compte que mon principal frein, ce n’est pas la complexité du dossier, c’est de me sentir légitime. »
« Je croyais qu’il fallait tout connaître en finance pour reprendre. Mais en fait, ce que j’apporte, c’est une vision, une capacité de mobilisation. »
Les discussions permettent aussi de démonter les fausses croyances : non, il ne faut pas forcément avoir 500 000 € en cash ; non, on n'est pas toute seule quand on se lance dans un processus de reprise ; oui, il existe des accompagnements, des financements et des réseaux.
La mise en situation avec une équipe conseil comme dans une « vraie reprise » est là pour challenger, conseiller, mettre en place des stratégies d’approche du dossier avec Grégory Manenti, avocat spécialisé en droits des affaires et la reprise, Olivier Morin, expert création reprise chez In Extenso et Emmanuelle Boulangey, experte transmission reprise à l'incubateur.
Rencontre avec deux repreneuses inspirantes
Pour incarner ce que la reprise rend possible, deux femmes repreneuses locales viennent témoigner. Pas pour donner des leçons, mais pour raconter leur vérité.
Sylvie et Nadine Paillole n’étaient pas du métier lorsqu’elles ont racheté en 2002 leur première boulangerie. L’une était comptable, l’autre travaillait pour une multinationale du cosmétique. Aujourd’hui, les sœurs sont à la tête des 3 boulangeries Elyse à Marseille.
Leurs récits ne cachent rien : les nuits blanches, les renoncements, les victoires.
Mais ce qui frappe, c’est la force tranquille qu’elles incarnent. Leur témoignage inspire : « reprendre une entreprise à deux, c’est possible et c’est même une force quand l’alliance est fondée sur des valeurs communes et une ambition partagée ».
« Ce n’est pas de l’héroïsme, c’est de l’endurance et de la foi dans un projet. »
Un cocktail de clôture pour ancrer les intentions
En fin d’après-midi, les participantes se retrouvent entre elles mais aussi avec les autres partenaires de l’écosystème reprise invités pas Les Premières Sud : Initiative Marseille Métropole, l'APEC, les Business Angels de la seconde chance et évidemment les équipes du Crédit Agricole. Un moment simple, mais qui permet d’aller plus loin dans une intention ou une prise de conscience.
« Je repars avec l’idée que la reprise, ce n’est pas un monde fermé. C’est peut-être mon prochain pas. »
« Ce qui me marquait, c’est l’énergie des autres femmes. On se sent moins seule. »
« J’ai identifié que je dois d’abord faire la paix avec ma peur de l’échec. »
Certaines échangent leurs numéros. D’autres prévoient de se revoir…
Un impact au-delà de l’événement
« Ce qu’on plante aujourd’hui, ce sont des graines. Certaines germeront tout de suite, d’autres mettront un an. Mais elles sont là. » conclue Caroline Dumond
Des accompagnements sont proposés en aval notamment grâce au dispositif « Mon projet d’entreprise » soutenu par la Région Sud très active sur le sujet : formation, rendez-vous individuels, aide à la prospection, accès à un réseau d’experts, ateliers sur la valorisation, les financements ou la reprise en association de dirigeants trop souvent oubliée comme une alternative à entreprendre sans être seule.
L’équipe et les partenaires sont ravis de cette journée et se projettent déjà dans une nouvelle édition.
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